26.

 

— Pourquoi le gardien n’a-t-il rien dit ?

— Tu crois que c’est vrai ? répliqua Ringmar.

— Quoi, que le garçon ait entendu la musique le premier ? Je crois que oui.

— Certains veulent tirer la couverture à eux. Le gardien s’attendait peut-être à une récompense.

— Y aurait-il d’autres choses qu’il a vues sans les voir ?

— Et sans nous le dire, c’est ça ?

— Oui.

— C’est une hypothèse.

— Il faudra l’interroger à nouveau, dit Winter.

— Le garçon a l’air intelligent.

— Il détient une info dont on a besoin.

— Tu crois ?

— J’en suis sûr. Quand ça lui reviendra, ça va nous aider.

Winter alluma une Corps en plissant les yeux. Il tira une longue bouffée, souffla la fumée et plissa à nouveau les yeux.

— J’ai réfléchi à cette inscription, sur le mur. Tu connais cette expression… Le truc écrit sur le mur… The writing on the wall.

— I know.

— Elle signifie à peu près qu’on doit faire attention à ne pas louper ce qu’on a sous les yeux… Qui est là pour qui veut le voir. L’écriture sur le mur. S’agirait-il d’un message dans le message ? Pour nous dire que la réponse est sous notre nez ? Une partie de la réponse. Je ne sais pas. Le mot « wall » veut peut-être dire cela : que le mot en soi n’est pas important… sinon comme une flèche dans un jeu de piste. Tu me suis, Bertil ?

— Je ne sais pas. Continue.

— Autrement dit, que nous n’avons pas à réfléchir au message en soi mais plutôt au fait qu’il ait été tracé. À sa présence sur le mur.

— La solution se trouverait plus près que nous le croyons ?

— Oui. Mais nous ne la voyons pas.

Ringmar se passa la main sur les yeux. Il voyait le mur, l’inscription, texte rouge sur fond blanc. Comme une rubrique.

— J’ai aussi pensé à une rubrique, dit-il en ôtant sa main. Dans le sens d’un titre qui résume l’essentiel du texte qui suit.

— Hmm.

— Sais-tu que le mot rubrique a son origine dans le latin rubrica, qui signifie couleur rouge ?

— Non. C’est vrai ?

— Jonas me l’a dit ce week-end. Il m’a demandé si je savais ce qu’était en réalité une rubrique et il m’a répondu ça. Il fait sa première année à l’école de journalisme, ajouta Ringmar, avec une pointe de fierté à l’évocation de son fils.

— Les chats ne font pas des chiens, commenta Winter. Autre chose sur l’origine du mot ?

— Les décisions du sénat romain ont été placardées sur la place publique à partir de l’an 59 avant Jésus-Christ par l’intermédiaire de grandes tablettes de plâtre, récita Ringmar comme s’il était sur une estrade. Ces tablettes s’appelaient acta senatus, et leurs rubriques étaient de couleur rouge.

— Tu t’es demandé s’il y avait un lien ?

Ringmar écarta les bras.

— C’était juste une idée comme ça.

— Le meurtrier serait calé en art latin des rubriques ? Ce serait peut-être même un journaliste ? L’idée me plaît.

Winter tira une autre bouffée, examina la fumée. Peut-être pour la dernière fois. Il y avait de bonnes raisons d’arrêter maintenant, avant le 1er avril. Aérer l’appartement et les vêtements, en chasser les bonnes mais fortes odeurs. Tout ça ne nous conduit à rien.

— Une autre hypothèse, reprit-il, c’est que ça ne veut rien dire du tout.

— Comment ça ?

— Il a juste écrit quelque chose, n’importe quoi. Sous le coup d’une impulsion peut-être. Ou pour nous faire fantasmer dans le vide.

— Oui, ce serait la pire des choses. Aucun indice.

— Non.

— Le pire des scénarios, dit Ringmar. Ça pourrait indiquer que nous avons à faire à quelqu’un qui ne nous appelle pas à l’aide.

— Oui.

— Quelqu’un qui jouit de ce qu’il fait.

— Peut-être. Mais je ne le crois pas.

— Tu crois que c’est un appel au secours ?

— Oui. Sinon nous sommes perdus.

— On n’y arrivera pas tout seuls.

— On n’y est jamais arrivés tout seuls.

— Est-ce qu’il va recommencer ? demanda Ringmar sans regarder Winter.

— Non.

— Pourquoi ?

— Ce n’est pas un meurtrier en série. Peut-être un psychopathe, mais je n’en suis pas sûr. Sans doute pas un psychopathe. Fou d’une autre manière. Mais pas un meurtrier en série.

— Dans ce cas ce serait un truc… personnel.

— Je n’en sais rien. Mais je crois que la réponse se trouve dans le passé des victimes. Lui ou elle. Ou les deux. Oui, je crois que c’est personnel de cette manière-là.

Ringmar soupira de façon ostentatoire.

— On n’a pas la force de retourner chaque papier, chaque souvenir à Västerås et à Kungsbacka.

— On n’est tout de même pas tout seuls. Il y a des collègues.

— Il faut des années pour remuer le passé de quelqu’un. Toutes les relations qu’il ou elle a nouées depuis sa naissance. Tout peut être décisif. N’importe quelle personne qui a croisé son chemin peut être celle que nous cherchons. N’importe qui.

— Il faut commencer à éliminer.

— Ce travail-là a déjà commencé, dit Ringmar sans sourire.

— Ou alors, c’est personnel dans le sens où les victimes seraient des substituts. Des symboles. À cause de leur style de vie, par exemple. Ou quelque chose d’aussi banal que leur apparence. Celle de l’un et de l’autre, ou de l’un des deux seulement.

— Tu penses aux têtes ?

— Non, pas dans ce contexte-ci. Mais ça aussi, c’est un… message inouï. Peut-être. Un symbole. Je n’ose pas spéculer là-dessus. Nous avons vraiment besoin d’aide.

Patrik était dans sa chambre, le casque sur la tête, et il n’entendit pas son père entrer. Puis son père le lui arracha des oreilles. La musique sifflait comme un serpent, ses anneaux déroulés sur le sol, au milieu des fils et des câbles.

— Ça fait des heures que je t’appelle !

— J’ai pas entendu.

— Pas étonnant, quand tu écoutes cette merde.

Le père puait l’alcool. Patrik le vit chanceler en faisant demi-tour vers la porte. Puis il changea d’avis et s’assit lourdement.

— Qu’est-ce que tu voulais ? demanda Patrik en essayant de récupérer son casque sans se lever.

Mais il était trop loin. Il s’apprêtait à aller le chercher lorsque son père l’empoigna par le bras.

— Laisse-le où il est. Je dois te parler.

— De quoi.

— Attends, je dois juste faire un… truc avant.

Le père se leva et quitta la chambre. Patrik entendit le bruit d’une capsule qu’on dévissait. Le père revint s’asseoir sur le lit. L’odeur était plus forte qu’avant.

— Elle va venir habiter ici, annonça-t-il.

— Qui ?

Son père le regarda. Quelques vaisseaux avaient pété dans son œil, ça se voyait nettement quand il détournait le regard.

— Ulla, évidemment. Ça fait quand même un moment qu’on se voit.

Patrik savait qui était Ulla. Il l’avait vue deux fois, et c’était deux fois de trop. La première, son père la traînait et la deuxième, c’était l’inverse – même si c’était difficile de comprendre vraiment qui traînait qui. Ulla. À sa deuxième visite, elle s’était penchée sur lui, pendant que son père ronflait comme un sanglier dans le canapé où elle l’avait laissé choir en arrivant, et il avait cru qu’il allait vomir. Elle avait bafouillé quelque chose, en se penchant de plus en plus, et il lui avait échappé en se faufilant par en dessous ; alors elle s’était écroulée sur le lit – son lit ! – et elle s’était endormie direct.

Et maintenant, elle allait emménager chez eux. Fucking great. Il se coltinait déjà le vieux ; là, ça allait devenir deux fois plus cosy.

— C’est pas possible, déclara-t-il.

— Ah bon ? – le père s’était redressé et oscillait d’avant en arrière. Et pourquoi ma fiancée pourrait pas venir habiter ici ?

— Il n’y a que deux pièces.

— T’inquiète pas. On nous filera un plus grand appart.

Sûrement. Qui voudrait d’eux comme locataires ?

— Mais on n’a qu’un seul canapé-lit.

C’était le père qui y dormait, au salon.

— Je te le file.

— Quoi ?

— On va avoir besoin de ta chambre. D’ailleurs, c’est pas « ta » chambre. On a besoin de cette chambre. T’es jamais là, de toute façon, alors tu peux bien dormir dans le canapé.

Patrik sentit qu’il commençait à transpirer. Il regarda sa collection de disques. Les magazines. Les affiches.

— Je dois… quitter la chambre ?

— Elle arrive demain.

Son père se leva.

— Voilà, comme ça, c’est réglé.

Il sortit de la chambre et Patrik l’entendit dévisser la capsule.

Avant, il pouvait fermer sa porte quand la fiesta commençait. Où irait-il maintenant, pour leur échapper ?

Il n’était pas obligé de rester chez lui. Il ne savait pas où aller, mais il n’avait pas besoin de rester là. Il regarda à nouveau ses disques. Majje pourrait-elle les garder dans sa chambre ? Pourrait-il se faire loger là-bas ? Un arrangement temporaire, genre ? Il se mit à rire pour ne pas pleurer.

Angela se débarrassa de ses bottes et fit bouillir de l’eau pour le thé. Le soleil déclinait en s’incrustant dans les façades. La lumière était forte dehors, plus forte qu’au cours des hivers dont elle avait le souvenir. C’était l’hiver. L’année avait décidé d’entrer en hiver bien avant le début officiel de la saison.

Elle sentit une ondulation dans son ventre, encore une. Elle était assise à la cuisine. Tout ce qu’elle voyait dans cette pièce était maintenant à elle. C’était bien. Elle avait apporté ses affaires. Ce n’était donc plus tout à fait un appartement de vieux garçon. Non, elle était injuste. Cet appartement faisait depuis longtemps partie de sa vie.

On va changer le papier peint et deux ou trois autres détails, pensa-t-elle. Ou alors on va déménager. Une maison au bord de la mer. Des fêtes dans le jardin, sous les parasols. Des voix d’enfants et des jouets dans l’herbe.

Erik, coiffé d’une toque de cuistot derrière le barbecue, lança un sourire à éclipser le soleil.

Le téléphone sonna. Elle se leva péniblement et s’approcha du plan de travail.

— « Allô ? » Pas de réponse. Elle regarda l’horloge au-dessus de la porte, qui indiquait dix-sept heures quinze. « Allô ? » La ligne était ouverte, un signal continu. Faux numéro, pensa-t-elle.

Ombre et soleil
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